La collection orientaliste du musée d'Art de Bagnères-de-Bigorre

Nous tenons à remercier Madame Bénédicte Magnin, conservatrice du musée de Bagnères-de-Bigorre, pour l'apport documentaire et iconographique et pour avoir permis la rédaction de cette page.

Musée Salies
Place des Thermes
65200 Bagnères de Bigorre
Tél : 06 33 79 60 45
 
 

Horaires d'ouverture
du 18 mai au 31 octobre 2011 :
Du mercredi au vendredi de 10h à 12h - 14h à 18h.
Le samedi et dimanche de 15H à 18H.

Exposition temporaire : Ulpiano Checa et la rencontre entre B. Odin et U. Checa
Été 2011
 

 

Au pied du Bédat, entre les Thermes et le Casino, le Musée a été constitué en 1852 par la volonté d'Achille Jubinal, député des Hautes-Pyrénées de 1852 à 1870. Ce dernier fit don d'une partie de sa collection, à laquelle vinrent s'ajouter d'importants envois de l'Etat dus à l'amitié qui le liait à la Princesse Mathilde, cousine de Napoléon III et maîtresse en titre du Comte de Nieuwerkerke, directeur général des Musées Impériaux, puis surintendant des Beaux-Arts en 1863.

Ceci permit un apport important de toiles issues des grands Salons Parisiens. En effet, la collection Salies est une collection homogène représentant tous les grands mouvements artistiques de la première moitié du XIX° siècle.

La collection s'accrut à la suite des legs de Justin Daléas, drapier Toulousain, qui fit construire le bâtiment actuel, auquel Daléas imposa le nom de la source voisine (Salies) qui l'aurait guéri. Achevée en 1931, sur les dessins de l'architecte Jaussely, la façade concilie le style mis à la mode par l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs à Paris, en 1925.

Le courant orientaliste est largement représenté dans la collection datée de la première moitié du XIX° siècle : l'Orient, le soleil aveuglant, le désert, les architectures aux ornementations dentelées, les costumes aux couleurs éblouissantes animent cette salle du Musée Salies. Nous vous proposons de la découvrir à travers quelques œuvres représentatives de la collection.

liane

Vigneron : La Prise de Missolonghi

Pierre Roch Vigneron : La Prise de Missolonghi
Huile sur toile 97x130
sbc et datée 1827
Don Jubinal - 1858
Inventaire n°615
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

La Prise de Missolonghi de Vigneron renvoie à tout un corpus d'œuvres philhelléniques des années 20 et 30, théatre de la lutte du peuple grec pour son indépendance, la Gréce étant alors une province de l'Empire Ottoman. La guerre d'indépendance commence en 1821 et en 1822, les insurgés grecs proclamment leur indépendance. Les Turcs ne tardent pas à réagir. Les poétes et les artistes rejoignent très vite les mouvements philhellènes et décrivent les épisodes de cette guerre. Le Massacre de l'Ile de Chio en 1822 et la résistance héroïque des habitants de Missolonghi qui tombe en 1826 seront décrits par nombre d'entre eux, comme Delacroix en peinture, Lord Byron ou Victor Hugo en poésie.
Dans cette composition de Vigneron, probablement l'esquisse d'un grand tableau commandé par le Duc de Choiseul, les Turcs ne sont pas représentés, même de façon allusive. C'est l'allégorie de la lutte des Grecs pour une liberté dédiée à Dieu, plutôt qu'un évènement précis qui est décrit ici. Le paysage côtier d'arrière-plan est la seule référence au lieu de l'action. Tout le reste est une composition pyramidale dont le sommet est la croix du calvaire à laquelle s'accroche un personnage féminin tenant le fameux labarum, grand étendard devenu le symbole de la lutte des Grecs orthodoxes contre les Turcs musulmans.
Très imprégnée de classicisme, l'œuvre montre une sublimation de la douleur, une détermination dans le sacrifice, pleine de vigueur et de mouvement, ainsi que l'ont ressenti tous les intellectuels européens.

 

Laurens : L'Hiver en Perse

Jules Joseph Laurens : L'Hiver en Perse
Huile sur toile 114x189, sbd, Don Jubinal 1870, Inventaire n°198,
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

Laurens accompagne le géographe Xavier Hommaire de Hell lors d'une mission scientifique, géographique et historique en Turquie puis en Perse de 1846 à 1849. Il exécute des aquarelles et des dessins lors de ce voyage. Ces esquisses lui serviront de base pour la réalisation de ses toiles, une fois le confort de l'atelier retrouvé.
Voyager en Perse en hiver est une épreuve pénible : le voyageur y trouvait un vent glacial et cinglant, le risque d'attaque par des brigands était réel, le confort sommaire voire inexistant... Laurens a saisi un moment particulier lors de son voyage en Perse. Il fait ressentir les différents volumes grâce à un manteau neigeux qui contraste avec les rochers et les monuments.
Ce tableau constitue un exemple rare de paysage orientaliste sous la neige.

 

Baccuet : Vue de Constantine

Prosper Baccuet : Vue de Constantine, prise de Sala Dey
Huile sur toile 26x33, sbd et datée 1841
Don Jubinal 1853 - Inventaire n°47
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

Baccuet accompagne l'expédition scientifique en Morée (Grèce) dans les années 1830. Dans les années 40 et 50 il expose des paysages d'Afrique du Nord.
Dans ce tableau l'artiste a su capter un lieu pittoresque, une vue de Constantine, prise de Sala Dey, la maison de campagne du Dey. Il a dû s'aider de carnets de voyage ainsi que le faisaient la plupart des artistes voyageurs comme Delacroix.
Cette esquisse, à touches légères, mais non dénuée de rigueur présente deux lignes de force : les palmiers formant une verticale dynamique répondent à l'horizontalité de l'ensemble du paysage.

 

Lainne : Vue de la Baie d'Alger

Adrien Lainne : Vue de la Baie d'Alger
Huile sur toile 44x57, sbd
Don Jubinal 1864 - Inventaire n°65
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

Ce peintre attaché au Ministère de la Marine exécute ici une toile dans le courant "carte postale" de l'orientalisme. La volonté d'exotisme est doublée ici d'un souci naturaliste dont la preuve est donnée par l'inventaire botanique précis qui n'est le fait ni du hasard, ni du rêve. Cette vue est prise de l'arrière de la mosquée Sidi Abd-er-Rhamane.

 

Dehodencq : La Justice du Pacha

Edouard Alfred Alexis Dehodencq : La Justice du Pacha
Huile sur toile 162x132, sbd, Salon de 1866 n°524
Envoi de l'Etat 1867 - Inventaire n°199
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

Un des chefs-d'œuvres du Musée Salies, La Justice du Pacha saisit le spectateur, tout comme Dehodencq a été saisi par le Maroc, ses couleurs, sa lumière et les pratiques des habitants de ce pays. N'a-t-il pas déclaré "J'ai cru en perdre la tête" en découvrant ce pays auquel il allait s'attacher passionément.
La cloison architecturale de l'arrière-plan maintient le spectateur prisonnier de cette scène malgrè les deux ouvertures, dont l'encombrement par les personnages interdit toute échappatoire. La participation du spectateur à la scène est renforcée par la présence au premier plan d'objet usuels comme les babouches et la canne. La composition de la toile accentue le côté dramatique de la scène : Les lignes de force diagonales, la disposition des personnages en triangles inversés, le désordre des étoffes renforcent le sentiment dramatique.
Dehodencq se considérait comme le dernier des romantiques. Cependant, le soin porté à rendre chaque visage, la précision minutieuse de chaque personnage, le range parmi les réalistes du milieu du siècle.

 

Frère : La Caravane
Théodore Frère : La Caravane
Huile sur toile 18x28, sbd, Don Jubinal 1864
Inventaire n°107


Théodore Frère : Vue du Caire
Huile sur toile 35x21, sbg, Don Daleas 1923
Inventaire n°189

On retrouve chez Théodore Frère la caractéristique "carte postale" qui a fait le succés de l'orientalisme. Mais cet artiste a su dépasser le côté anecdotique pour fournir au spectateur des vues saisissantes de lumière et d'authenticité. Ce voyageur infatigable s'est attaché à rendre toute la poésie des paysages d'Afrique du Nord. Il se spécialise dans la représentation de caravanes, de déserts, d'oasis. Atmosphère feutrée des soirs de campement, fulgurance des cieux au coucher du soleil ou bien chaleur écrasante du désert, sables brûlants, telles sont les impressions qui se dégagent de sa peinture. Sa maîtrise de la couleur et de la lumière en font jusqu'à ce jour un des artistes favoris des amateurs d'orientalisme.

 

Roubtzoff : Puits à Hammamet
Alexandre Roubtzoff : Puits à Hammamet
Huile sur toile, marouflée sur carton
23,5x37,5, sbd et datée 21/02/1948
Don Germaine et Gaston Boglio - 2001
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

Roubtzoff : Rue et minaret de Téboursouk
Alexandre Roubtzoff : Rue et minaret de Téboursouk
Huile sur toile, marouflée sur carton
37x28, sbd et datée novembre 1915
Don de l'Association Artistique Alexandre Roubtzoff-2001
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

Cet artiste, né russe, naturalisé français s'installe en Tunisie dès 1914. Il y meurt en 1949. Il a su décrire des paysages, des scènes et des personnages d'Afrique du Nord avec une délicatesse et une authenticité qui lui sont caractéristiques. Ces deux tableaux sont représentatifs d'un orientalisme qui s'est éloigné du réalisme du 19ème siècle sans pour autant sacrifier à l'impressionisme toute idée de description fidèle.

 

Chassériau : Saint François Xavier baptisant les Indiens

Théodore Chassériau : Saint François Xavier baptisant les Indiens
Huile sur toile 81x43
sbc et datée 1854, Don Jubinal - 1864
Inventaire n°182
© Musée Salies, Bagnères-de-Bigorre

Esquisse d'une des fresques décorant la Chapelle du Baptistère de l'Eglise Saint-Roch à Paris, en 1854. Chassériau a choisi un sujet à la gloire des missionnaires dans un exotisme très 19ème. Saint François Xavier, apôtre des Indes et du Japon appartenait à l'ordre des Jésuites et c'est en 1541 qu'il partit pour les Indes Orientales convertir les "Infidèles".
Au premier plan les Indiens à genoux reçoivent le baptème, au milieu Saint François entouré de deux diacres, baptise les Infidèles. Les touches rapides et franches sont caractérisques d'une étude.

 

liane

Cette visite du Musée Salies de Bagnères-de-Bigorre nous a menés de la Grèce aux Indes en passant par la Perse et en faisant un détour par l'Afrique du Nord. C'est donc tout l'Orient des peintres qui se retrouve représenté. Nous ne pouvons que vous inciter à poursuivre plus avant votre visite pour rencontrer ces toiles de visu et compléter ce parcours passionnant au Musée Salies de Bagnères-de-Bigorre.

De plus, le Musée Salies de Bagnères-de-Bigorre a édité un catalogue de ses oeuvres orientalistes. Vous pouvez commander l'ouvrage par correspondance au musée pour la somme de 20 € + 3 € de frais de port par chèque à libeller à l'ordre du Trésor Public

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